Les sceaux byzantins de la Collection George Zacos

Le corpus sigillographique en cours de publication ici représente la première entreprise d'édition systématique des sceaux de la Collection George Zacos de la Bibliothèque nationale de France. Les travaux ont débuté dans le cadre du projet franco-allemand ANR-DFG DigiByzSeal et vont se poursuivre au-delà de la date de fin du projet. L'ensemble choisi pour commencer cette publication est celui des sceaux avec une légende comportant un nom transmissible.

Présentation

La donation Zacos à la Bibliothèque nationale de France

En 1998, Madame Janet Zacos a fait don au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France (BnF), aujourd'hui Département des Monnaies, Médailles et Antiques, de la collection de sceaux rassemblée par son époux, Monsieur George Zacos, comprenant 6300 plombs, en trés bon état de conservation. La collection ainsi entrée à la Bibliothéque nationale de France hisse d'un seul coup dans ce domaine le Cabinet des Médailles au niveau des trois plus grandes collections du monde, après celle de Dumbarton Oaks à Washington et celle du Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Dans toute l'histoire des séries byzantines du Cabinet, c'est la donation la plus importante jamais recue depuis celle de la collection Schlumberger en 1926. Madame Janet Zacos a également offert la photothéque de son époux, qui comprend non seulement les photographies des sceaux donnés, mais aussi une part notable des nombreux clichés des plombs conservés à Dumbarton Oaks et dans diverses collections publiques et privées.

La carrière de George Zacos

George Zacos naquit en 1911 à Istanbul. Issu d'une famille de la petite bourgeoisie grecque, il fit ses études secondaires au collège américain d'Istanbul, le Robert College. Alors qu'il atteignait quatorze ans, son pére demanda à un ami de la famille et antiquaire réputé, Andronikos, de lui apprendre le métier. Devenu adulte, George Zacos s'installa à son compte. Les années de la guerre et de l'immédiat après-guerre furent difficiles. Ayant dû temporairement quitter Istanbul pour l'Anatolie, il revint, ayant contracté la malaria. Il s'était d'abord intéressé aux monnaies byzantines, puis il rencontra le Père V. Laurent, qui lui enseigna la sigillographie byzantine. George Zacos vendit alors les monnaies d'or qui lui restaient et se mit à acheter les sceaux en quantité, changeant l'or en plomb. Cette première collection fut vendue en 1951, établissant définitivement la réputation internationale de l'antiquaire. En 1963, il quitta Constantinople pour s'installer en Suisse, où il résida jusqu'a sa mort en 1983.

George Zacos ne fut pas seulement collectionneur et marchand, mais devint, avec le Père V. Laurent, un spécialiste renommé, appuyant ses recherches sur un vaste fonds documentaire, qui fut dispersé en 1993. Il publia, en collaboration avec A. Veglery, les quatre tomes du volume des Byzantine Lead Seals, George Zacos finançant lui-même l'impression d'une haute qualité technique de cet ouvrage de référence, qui reste indispensable à tout historien de Byzance. L'ouvrage, qui comprend I'édition de plus de trois mille sceaux, apportait de nombreux inédits et donnait la première étude systématique sur les sceaux des commerciaires, matériel de première importance pour l'histoire des siècles dits obscurs. George Zacos publiait aussi, avec un commentaire détaillé, une série de plombs ayant appartenu aux membres des différentes familles régnantes de Byzance, notamment celle des Comnenes. Cette étude, non seulement est indispensable aux prosopographes, mais donne des informations de premier ordre sur l'évolution de la couche dirigeante. La mort, en 1983, empêcha George Zacos de poursuivre la publication du corpus sous la forme qu'il avait projeté, mais un second volume, posthume, fut édité sous I'impulsion de Madame Janet Zacos, avec l'aide de J. Nesbitt.

La collection Zacos

George Zacos constitua une première collection de plus de dix mille plombs, dont la plus grande partie provenait d'Istanbul: une partie fut achetée aux jeunes gens, les araïdjis, qui allaient, après une forte tempête, les recueillir le long de la plage qui bordait la muraille maritime, la mer ramenant des sceaux enlevés aux déblais jetés là aprés les aménagements du centre d'Istanbul, près de la Mésè. C'est cette première collection d'environ dix mille plombs qui fut vendue en 1951 à Monsieur Robert et Madame Mildred Bliss et entra ainsi au Centre d'études byzantines de Dumbarton Oaks. Ces sceaux se reconnaissent par leur numérotation qui commence par 55.1 et par 58.106.

Ensuite, George Zacos recommença une nouvelle collection à Istanbul, puis à Bâle, qui atteignait au moment de sa mort autour de 7000 pièces, dont 6300 sont désormais à la BnF. Trois ventes aux enchères, organisées par la Maison Spink de Londres, ont déjà eu lieu, qui ont permis de vendre la moitié du reste. La nouvelle collection connut quelques tribulations. George Zacos ayant loué à un Grec d'Istanbul la maison paternelle, le locataire brisa la porte de la piéce où étaient entreposés les plombs et les vendit. George Zacos dut ainsi racheter, une seconde fois, certains de ses propres sceaux. II put aussi acquérir des collections déja constituées, comme celles de Diamanti et de Papadopoulos.

Présentation extraite (avec modifications mineures) de: Jean-Claude Cheynet, Sceaux de la collection Zacos (Bibliothèque nationale de France) se rapportant aux provinces orientales de l'Empire byzantin: exposition organisée par le Département des monnaies, médailles et antiques, Bibliothèque nationale de France (16 juillet - 14 octobre 2001, Paris 2001, p. 5-7; voir aussi la présentation de George et Janet Zacos sur le site de la BnF.